Redonner confiance et espoir grâce aux prothèses capillaires
Au cœur de l’Institut Gustave Roussy, à Villejuif, un petit salon de coiffure joue un rôle immense.
L’Institut Gustave Roussy est un centre de cancérologie de renommée internationale, reconnu en France, en Europe et dans le monde pour la qualité de ses soins, sa recherche et son accompagnement des patients.
Ici, il ne s’agit pas seulement de cheveux, mais de reconstruction, d’écoute et de dignité. Nous avons rencontré Camille, professionnelle de So Esthétique, spécialisée dans les prothèses capillaires en milieu hospitalier. Elle nous raconte son quotidien, son parcours et le sens profond de son métier.
Adresse du salon : 114, rue Édouard Vaillant, 94805 Villejuif Ascenseur K, 3ème étage, salle 628
So Esthétique à l’hôpital Gustave Roussy
So Esthétique intervient dans plusieurs structures, notamment en maisons de retraite. Mais l’activité principale de Camille se situe à l’Institut Gustave Roussy. Elle y exerce depuis plus de dix ans.
Au sein de l’hôpital, un salon de coiffure accueille les patientes pour des prestations spécifiques. Ce salon existe depuis de nombreuses années. L’intégration des perruques remonte à environ vingt ans.
Aujourd’hui, seuls deux hôpitaux en France proposent un salon de prothèses capillaires directement intégré à l’établissement. Une particularité rare, mais essentielle pour les patientes.
Un métier choisi par conviction
À l’origine, Camille se destinait aux métiers du bien-être et du soin. Faire du bien aux autres a toujours été une évidence. Elle y travaille plusieurs années, dans un salon classique, à un rythme soutenu.
Ce cadre ne lui correspond pas. Elle cherche autre chose. Un métier plus utile. Plus humain.
C’est une ancienne collègue qui lui fait découvrir le travail au sein de l’hôpital Gustave Roussy. Curieuse et déterminée, Camille vient observer sur ses jours de repos. Elle persévère. Elle est embauchée. Aujourd’hui, cela fait onze ans qu’elle accompagne les patientes.
Anticiper pour mieux accompagner
Les patientes arrivent généralement avant la chute des cheveux. Après leur rendez-vous avec l’oncologue ou l’infirmière d’annonce, elles sont orientées vers le salon.
L’objectif est clair. Anticiper. Comprendre. Se préparer.
Pour Camille, l’accompagnement ne se limite pas à l’essayage de la perruque. Elle prend le temps d’expliquer le processus, les étapes de la chute capillaire et les solutions disponibles. L’objectif est de préparer les patientes et de leur apporter un soutien psychologique.
L’idée est de trouver une chevelure qui ressemble au plus près à celle que la patiente avait auparavant. Coupe, longueur, couleur. Tout est pensé pour préserver l’image de soi.
Un accompagnement en plusieurs étapes
Le premier rendez-vous permet de présenter les options et de réaliser les premiers essais afin de trouver un modèle proche de la chevelure initiale de la patiente. Nous discutons de la coupe, la longueur et la couleur.
Un deuxième rendez-vous est fixé pour confirmer le modèle et la couleur. Les explications sur les démarches administratives et la prise en charge financière sont données. Un troisième rendez-vous est généralement prévu. C’est celui de l’adaptation. Lorsque la chute commence et que la patiente se sent prête, les cheveux sont rasés. La pose est expliquée. L’entretien aussi.
Les patientes peuvent revenir à tout moment si elles ont des questions ou des difficultés. Camille souligne que les informations doivent souvent être répétées, car les patientes sont très chargées émotionnellement lors des premiers rendez-vous.
Les prothèses et les marques
Travailler en milieu hospitalier implique d’être multi-marques.
La marque principale utilisée est Elite Hair, partenaire exclusif de So Esthétique depuis la création du salon, reconnue pour la qualité de ses fibres synthétiques et sa longévité sur le marché des prothèses capillaires. Elle propose une large gamme adaptée aux besoins des patientes, garantissant confort et naturel.
Pour les cheveux naturels ou mélangés, Camille travaille avec d’autres fournisseurs spécialisés, qui complètent l’offre.
Une prise en charge financière de plus en plus adaptée
Les perruques sont classées par catégories :
- Classe 1 : perruques en fibre synthétique, d’un coût de 350 € et remboursées à hauteur de 350 € par la Sécurité sociale.
- Classe 2 : perruques également en fibre synthétique, dont les prix varient entre 500 € et 700 €. Plus coûteuses car le montage est réalisé à la main, avec une finition plus fine. La Sécurité sociale intervient également à la hauteur de 350 € et la mutuelle complète selon le contrat.
Aujourd’hui, les perruques en cheveux naturels ne sont pas remboursées par la sécurité sociale. En revanche, à partir du 1er janvier 2026, les perruques en fibres synthétiques comme en cheveux naturels bénéficieront d’une prise en charge de 350 € par la Sécurité sociale, la mutuelle venant compléter également selon les garanties du patient.
Une évolution essentielle pour l’égalité d’accès et le choix personnel.
La beauté comme soutien psychologique à Gustave Roussy
Pour beaucoup de femmes, la chimiothérapie rime immédiatement avec la perte des cheveux. Bien avant les autres effets secondaires.
Pouvoir proposer une solution, dans un cadre rassurant, au cœur même de l’hôpital change tout. Ici, la beauté devient un soutien psychologique. Un repère. Un apaisement.
La mission de Camille est claire. Redonner une chevelure, oui. Mais surtout redonner un peu de sérénité.
Créer du lien, sans se perdre
Forcément, des liens se créent. Certaines patientes restent plus longtemps. D’autres retournent chez elles rapidement. Et c’est une bonne nouvelle, cela signifie qu’elles vont mieux. « Le meilleur signe, c’est quand je ne les revois plus », confie Camille.
Parfois, les situations sont plus difficiles. Il faut alors apprendre à garder une distance, à protéger l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle.
Les qualités essentielles pour exercer ce métier
Selon Camille, trois qualités sont indispensables.
La bienveillance. La patience. Et l’écoute.
Ce sont elles qui permettent d’accompagner chaque femme avec respect et humanité.
Un message pour les patientes
À celles qui appréhendent leur première venue, Camille souhaite dire une chose.
« Ce traitement est une parenthèse. Une parenthèse difficile, certes. Mais une parenthèse.
Après, les cheveux repoussent. L’image se reconstruit. Et la vie reprend. »
Une parole simple. Mais essentielle.
Publié le : 17/12/2025




